Après des mois de retard, l'ANSES a finalement publié les résultats de ses recherches sur les effets du bruit des éoliennes sur la santé humaine. Beaucoup ont déjà commencé à répéter que les éoliennes ne produisent pas de sons nocifs pour la santé, comme si c'était la conclusion réelle du rapport.
Ceux qui veulent récupérer de l'argent de l'implantation des éoliennes sont en particulier excités par ce rapport. Mais avant de prétendre citer une étude scientifique, il serait bon de la lire. Se limiter à lire une ligne de résumé qu'une personne inconnue a aimablement fournie montre une très grande naïveté et un manque d'honnêteté intellectuelle. Mais, comme pour tout ce qui concerne les éoliennes, l'appât du gain justifie tous les comportements les plus viles.
Le rapport de l'ANSES ne conclut en rien que les éoliennes ne produisent pas de bruits nocifs pour la sante humaine ("Les données actuelles permettent d’évoquer l’hypothèse que des sons de fréquences trop basses
ou de niveaux trop faibles pour être clairement audibles pourraient avoir des effets médiés par des
récepteurs du système cochléo-vestibulaire."). Il conclue deux choses principalement:
- Il convient qu'il y a présence de maladies physiques et psychologiques dues à la présence d'éoliennes à proximité des habitations ("Parmi ces riverains, des situations de réels mal-être sont rencontrées, et des effets sur la
santé parfois constatés médicalement, mais pour lesquels la causalité avec l’exposition aux
infrasons et basses fréquences sonores produits par les éoliennes ne peut pas être établie de
manière évidente."). Les études disponibles n'ont cependant pas montré de façon satisfaisante que les sons en étaient la cause et les sources secondaires des effets perçus n'ont pas été isolés ("Il est très difficile d’isoler, à l’heure actuelle, les effets sur la santé des infrasons et basses fréquences sonores de ceux du bruit audible ou d'autres causes potentielles qui pourraient être dues aux éoliennes").
- Il y a peu d'études épidémiologiques à grande échelle et celles qui existent ne fournissent pas la preuve indiscutable que la source des maladies physiques subies par les habitants provient des sons générés par les éoliennes (" Malheureusement,
ces études sont peu nombreuses et elles se sont exclusivement intéressées aux effets du bruit
audible des éoliennes sur la santé des riverains. Il n’en existe aucune qui se soit focalisée sur les
effets sur la santé des infrasons ou des sons basse fréquence émis dans l’environnement et plus
particulièrement produits par les éoliennes"). D'autres causes liées aux éoliennes (par exemple clignotement ou les ombres portées), et à d'autres facteurs de l'environnement (par exemple bruit ambiant, facteurs ponctuels), sont possibles.
Le rapport ne conclut donc en aucun cas que les éoliennes ne produisent pas d'effets sur la santé. Il conclut à l'absence de preuves irréfutables que les maladies habituellement attribuées aux éoliennes sont générées par les infrasons et sons à basses fréquences qu'elles produisent.
Le rapport préconise donc
- La poursuite d'autres études pour stabiliser nos connaissances des effets des sons générés par les éoliennes sur la sante humaine ("Afin de faire progresser les connaissances sur les expositions aux infrasons et basses fréquences
sonores, et compte-tenu de la complexité de leur mesure, le CES encourage : le recours à des méthodes normalisées de mesure des infrasons et basses fréquences
sonores des éoliennes[...] ; la conception d’un modèle de prévision des expositions aux infrasons et basses fréquences
sonores des éoliennes").
- Une meilleure information des riverains, et ce très tôt dans le processus d'implantation ("[...] transmettre des éléments d’information pertinents relatifs aux projets de parcs
éoliens au plus tôt (avant enquête publique) aux riverains concernés"). Ca serait certainement un changement par rapport au secret qui règne à lors actuel autour de ces projets.
- Incorporer mieux l'enquête publique dans ce processus ("[...] favoriser les concertations en amont des projets de parcs éoliens. En effet, les porteurs
de projet demandent d'abord à l'administration le permis de construire en déposant une
étude d'impact sur un projet finalisé, et l'enquête publique arrive en fin de processus,
minimisant ainsi le poids de cette enquête dans le processus de décision").
- La mesure systématique des niveaux sonores avant la mise en fonction des parcs éoliens au lieu des chiffres théoriques ou inventés qui figurent habituellement dans les dossiers des promoteurs ("Le CES recommande que la puissance sonore des éoliennes soit systématiquement contrôlée in
situ, avant leur mise en service afin de s'assurer que les caractéristiques sonores des éoliennes
installées sont conformes à celles spécifiées dans l’étude d’impact."). Quand on sait l'impossibilité des riverains de faire évaluer ce bruit quand il est de toute évidence excessif (par exemple à Marsais), des mesures réelles obligatoires seraient un pas dans la bonne direction, surtout si comme le rapport le suggère, amendes, arrêt force, ou mise en conformité sont utilisés.
L'absence de preuves n'est pas la preuve de l'absence.
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