Suite à nos lettres au maire et aux conseillers municipaux de notre village, un prospectus de propagande pour l'éolien a été déposé dans certaines boites aux lettres des habitants du village ce matin.
Le prospectus, 4 pages, est une reproduction d'un article pseudo scientifique publié par une association pro-éolienne suisse.
Ce prospectus est anonyme. Il est impossible de savoir qui l'a distribué. N'ayant contacté que le maire et ses conseillers municipaux, il est évident qu'ils en sont la source. Quelle lâcheté que de distribuer de la propagande sans la signer! Ça rappelle les périodes les plus sombres de l'histoire française. Quelle est l'étape suivante? Les délations anonymes?
Le prospectus s'attaque à un aspect de la défense contre l'invasion des éoliennes: les infrasons. Il prétend, comme toute bonne propagande, ne pas être émotionnel, mais seulement scientifique. Bien sur, de scientifique il n'a que l'apparence puisqu'une seule source n'est citée pour appuyer les dires de l'auteur.
Premièrement, l'omniprésence des infrasons est invoquée pour montrer qu'ils sont bien banals et qu'on y est habitué. C'est vrai, les infrasons sont partout. Ce qui fait cependant la spécificité des infrasons éoliens c'est leur constance, jour et nuit, jour après jour. Quand on rencontre des infrasons gênants lors d'activités normales, par exemple en passant près d'une usine, on y est exposé qu'un court moment. Au pire quelques heures. Après ca, on rentre chez-soi, et la gêne disparait. C'est différent pour les infrasons éoliens: ils sont la quand on se lève le matin; ils sont la quand on fait du jardinage; ils sont la quand on déjeune; ils sont la quand on regarde la télé; ils sont la quand on dine; ils sont la quand on va se coucher; ils sont la quand on essaie de dormir. C'est la constance de ces infrasons qui génère les problèmes de santé qu'on connait.
Le prospectus va jusqu'à affirmer que les infrasons ont un effet "favorable sur le centres nerveux ainsi que sur la circulation sanguine". C'est une brave déclaration étant donné que des études sur les animaux ont montré tout le contraire (par exemple Nuno A. A. Castelo Branco Teresa Costa e Curto João Pedro da Costa Luisa Mendes Jorge Júlio Cavaco Faísca Luis Amaral Dias José Martins dos Santos Egas Moniz et Mariana Alves-Pereira , 14° congrès International sur les sons de basses fréquences, les vibrations et leur contrôle, 9 au 11 juin 2010 Aalborg Danemark, ou Carl V. Phillips, Bulletin of Science Technology & Society 2011 31: 303, 19/07/2011). Sur quelle étude se base l'article pour faire cette déclaration?
Le prospectus déclare aussi que les infrasons ne causent pas d'effet à moins de 10 ans et 90dB d'exposition. C'est une argument qu'on retrouve dans toutes les études de projets éoliens. Alors qu'un acousticien, professionnel de la filière, raconte les effets qu'il a ressentis en quelques heures d'exposition (M.A. Swinbanks, MAS Research Ltd, Cambridge, U.K., Presented at Wind Turbine Noise 2015, Glasgow, 20–23 April 2015). Des médecins de notre région même disent se rendre compte de ces effets sur les patients qui viennent les voir (par exemple le Dr Pierre Allary dans une lettre à son député). Bien sur, le prospectus le cite pas ses sources.
Le prospectus continue et déclare que ceux qui se battent contre les infrasons n'ont aucune source scientifique autre qu'un rapport écrit en 1963 par Gavreau. C'est une déclaration qui montre soit le manque de recherche des auteurs de l'article, soit leur malhonnêteté. Il y a de centaines de publications scientifiques qui montrent l'effet des infrasons (en sus des sources déjà citées, citons par exemple Svein Kristiansen , Maritime Transportation: Safety Management and Risk Analysis, Routledge, 2013, J.Mikolajczack et al , "Preliminary studies on the reaction on growing geese to the proximity of wind turbines" , Polish Journal of Veterinary Sciences, Volume 16, Issue 4 (Dec 2013), M.A. Swinbanks, MAS Research Ltd, Cambridge, U.K., Presented at Wind Turbine Noise 2015, Glasgow, 20–23 April 2015; bien d'autres existent) il y a même une conférence annuelle dédiée au problème. Ces publications donnent 1°) une explication du mécanisme de cause à effet, 2°) des mesures biologiques chiffrées, 3°) des tests correspondant à des procédures marche/arrêt des machines, 4°) la preuve qu’il ne s’agissait pas de symptômes imaginés en raison d’une opposition de principe au développement éolien, pour confirmer les milliers de victimes décrites dans les publications. Évidemment il faut faire l'effort de lire des articles scientifiques écrits en une langue autre que le français. Mais comme nous sommes tous humains, les effets des éoliennes sont les mêmes sur tous les individus de notre espèce.
Il déclare aussi qu'il n'y a pas de preuve fiable des effets sur des personnes d'une émission sonore à un niveau inférieur au seuil d'audition. Est-ce que Svein Kristiansen n'a pas montré le mécanisme par lequel cela est possible dans son livre "Maritime Transportation: Safety Management and Risk Analysis, Routledge, 2013"? Est-ce que Alec N. Salt et Jeffery T. Lichtenhan n'ont pas montré la même chose dans How Does Wind Turbine Noise Affect People? publie dans la très sérieuse revue Acoustics Today en 2014?
Pour prouver une bonne fois pour toutes que les infrasons ne sont pas dangereux, le prospectus cite l'Allemagne et ses 20 000 éoliennes, ou apparemment il n'y a pas de cas d'effets négatifs sur la santé. Pourtant, l'ordre des médecins allemands, réunis a Frankfort en 2015, a lancé une alerte concernant l’impact néfaste sur la santé de l’implantation d’éoliennes à proximité des habitations. Ce rapport souligne les effets sanitaires néfastes des fréquences éoliennes inférieures à 1 Hz et mentionne leurs effets potentiels même en l’absence de toute rotation des pales, sous la seule action des vibrations solidiennes générées par le mat, et ce jusqu'à 10km. Il semblerait que cela contredise le prospectus qui en l'absence de source ne prouve rien.
Pour peaufiner l'argumentaire malhonnête, le prospectus prétend confondre infrasons et sons audibles, alors même qu'il en décrit la différence sur la première page. Bien sur que l'oreille ne peut détecter les infrasons. L'ouïe humaine, même parfaite, ne détecte pas de sons sous les 20Hz. Les infrasons générés par les éoliennes sont majoritairement entre 0,1Hz et 10Hz. L'implication ici est que si on n'entend pas les éoliennes, elles ne peuvent pas faire de mal. C'est bien évidemment absurde, on ne voit pas les microbes et les virus à l'œil nu, pourtant ils tuent. On ne voit pas la radioactivité à l'œil nu, pourtant on en connait les effets.
Pour finir, le prospectus émet un ultimatum pour faire peur au lecteur: c'est le nucléaire et le charbon, ou les énergies renouvelables. Encore une fois, l'auteur de l'article originel montre son manque d'honnêteté sur la question. En plus des gros besoins en énergie, et donc CO2, de la construction des éoliennes (5 530 tonnes de CO2 pour une éolienne de 3MW, citons par exemple C. Crawford, « Life cycle energy and greenhouse emissions analysis of wind turbines and the effect of size on energy yield », Renewable and Sustainable Energy Reviews, n° 113, pp. 2653-2660, 2009), du à la production variable des éoliennes (il n'y a que très rarement le vent idéal sur un pays entier qui fait tourner les éoliennes parfaitement), il faut compenser les baisses de production électrique d'une façon ou d'une autre. Sinon on doit arrêter de regarder la télé quand il n'y a pas de vent. Pour les pays comme l'Allemagne, c'est la construction de centrales à gaz qui émettent de grosses quantités de CO2. Les éoliennes sont donc directement liées à l'émission de CO2 (Life Cycle Greenhouse Gas Emissions of Utility-Scale Wind Power, Systematic Review and Harmonization, Journal of Industrial Ecology, Article first published online: 30 MAR 2012, DOI: 10.1111/j.1530-9290.2012.00464.x, C. le Pair, “Electricity in The Netherlandsa. Wind turbines increase fossil fuel consumption & CO2 emission”, 2011), comme le charbon. Pour ou contre le nucléaire, et le prospectus joue sur la peur du nucléaire, les éoliennes ne sont pas la solution, spécialement quand tous les pays du monde essaient de réduire leur production de CO2. La France en produit très peu grâce au nucléaire. La phrase devrait donc être: c'est le nucléaire ou les émissions de CO2 massives des éoliennes, avec les conséquences sur le climat qu'on connait.
Quant aux très rares sources utilisées dans le prospectus, elles sont toutes d'auteurs publiant pour l'industrie éolienne (par exemple George Bellhouse). Aucune source indépendante publiée dans des journaux scientifiques scrutés par des pairs. Utiliser sa propre propagande comme preuve scientifique montre une malhonnêteté affligeante.
Pour résumer, le prospectus dit que:
- Les infrasons sont partout et ne sont pas dangereux: FAUX.
- Il n'y a pas de preuve scientifique d'un effet sur l'homme ou les animaux: FAUX.
- Les déclarations de ceux qui s'inquiètent des infrasons ne sont fondés que sur une étude des années 60: FAUX.
- C'est le nucléaire ou les énergies renouvelables: FAUX.
Ce prospectus, qui n'est qu'une reproduction d'un article d'une association pro-éolienne, a donc tout FAUX et se montre extraordinairement mal informé ou malhonnête. A vous de choisir.
Le prospectus pour que tous puissent se rendre compte de sa malhonnêteté.
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